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mercredi 27 juin 2012

Mon ami Peter de Saint-Pétersbourg

Vous connaissez mon ami Peter? Il me suit depuis mon arrivée à Saint-Pétersbourg (ex Léningrad), en Russie. Partout où je vais, il y est. La ville lui appartient. Peter par si, Peter par là. On voit Peter partout. Même que son fantôme y est encore. C'est à se demander comment les Russes font pour vivre sans se préoccuper de Peter. J'y reviendrai.

Mon premier contact avec les Russes : les douaniers, dès ma sortie du bateau. Un sourire de bienvenue ne leur aurait pas fait de tort. Je ne suis pas une espionne. Je suis une touriste qui veux juste passer 2 jours à visiter votre belle ville. "Ne vous inquiétez pas, je repars demain!"

Notre guide Margarhita de l'agence Ulko Tours nous accueille, elle, très chaleureusement à la sortie du poste de douanes. Elle parle très bien l'anglais. On sera seuls, nous quatre, avec elle pendant notre séjour. Surprenant qu'on soit les seuls du bateau à avoir réservé les services de cette agence touristique, surtout que c'est la seule agence russe qui nous donne la possibilité de voyager en Russie sans visa. Et c'est moins cher que de réserver via le bateau.

Tsarskoye Selo, le palais que Peter The Great avait offert en cadeau à son épouse Catherine en 1708
Peter The Great

Je ne vais pas vous raconter toute l'histoire de Saint-Pétersbourg, les batailles, famines, déluges naturels qui ont décimé la population au cours des siècles. Il y a des sites pour ça. J'aime mieux vous raconter pourquoi Peter The Great est l'ami de tout le monde.

Peter The Great, de son vrai nom Pyotr Alexeyevich Romanov, était le 3e fils du tsar (ou empereur, c'est la même chose!) Alexis 1. Il ne devait théoriquement pas accéder au trône de son père à sa mort, puisque deux demi-frères étaient nés avant lui. Le destin en avait décidé autrement.

Très jeune, il est pris en charge par Sophia, sa demi-soeur du précédent mariage de son père. Sophia n'aime pas Peter. Elle fait tout pour éloigner Peter de l'empire russe de la famille Romanov. Le premier demi-frère de Peter était chétif et de santé fragile. Il décéda à un jeune âge et ne put accéder au trône. Le deuxième descendant Ivan V n'était pas très vaillant. Peter, de son côté, s'amusait à jouer à la guerre, à construire des bateaux et à naviguer sur les flots. Il s'est fait beaucoup d'amis partout en Europe. Il a appris à se débrouiller seul et à parler plusieurs langues. Il s'est fait connaître pour son immense générosité envers ses amis et son charisme.

De retour en Russie, l'armée de jeu de Peter The Grest est déjà en place et prête au combat. Il a alors 23 ans. Il réussit à vaincre ses adversaires à la guerre. À la mort de sa mère, il devient empereur. Sophia se retire.

Peter a été élu "The Great" parce qu'il était géant : il mesurait 6 pi 8 po. Je suspecte qu'il devait être aussi très à craindre par ses ennemis.

Je disais tantôt que Peter était mon ami. Pas par choix. Il n'y aurait pas eu de Saint-Pétersbourg sans lui. Partout où l'on passe, on le voit en statue, une arme à la main, à dos de cheval, représenté en peinture sur les toiles ou tapisseries anciennes des galeries. On ne compte plus les monuments érigés en son nom. Il est The Great. La fierté de toute une dynastie de tsars, et des Russes eux-mêmes.


Cathédrale Peter et Paul
La Cathédrale Peter et Paul

La cathédrale Peter et Paul expose d'ailleurs les tombeaux de toute la lignée d'empereurs de la famille Romanov. J'ai visité cette église. Pas très grande - Peter aurait peut-être préféré un château plus majestueux pour y être enterré -, mais elle fait partie de la forteresse de son empire.

Elle est entretenue par les dons des descendants des Romanov, qui ont réservé leur place pour l'au-delà. Tout se paye, en Russie... C'est là que j'ai appris mon premier mot en langue russe : Kacca, qui signifie qu'il faut payer avant d'entrer. On retrouve même ce mot au kiosque à côté des toilettes : 30 roubles si on a une grosse envie.

Musée de l'Hermitage

Notre guide nous amène visiter le Musée de l'Hermitage, le plus grand musée du monde et le premier palais d'hiver de... mon ami! Attention, car il y a du monde comme j'en n'ai jamais vu! Margarhita connaît bien tous les astuces pour se faufiler parmi la foule. Les Chinois d'ailleurs sont les experts en bousculade parmi la foule, qu'elle nous dit. N'empêche, on passe avant tout le monde. Margarhita a des contacts, on dirait! C'est louche...

Le Musée contient plus de 3 millions d'oeuvres. Ça pourrait prendre facilement plusieurs mois pour tout voir. On est là un seul après-midi. On se contentera de voir quelques toiles d'Henri Matisse, de Claude Monet, de Rembrandt, des pièces riches d'histoire et qui valent une fortune. Des tapisseries aux murs en passant par des fresques au plafond, des urnes en granite, rien n'est laissé à l'indifférence du visiteur. Faut voir la Peacock Clock entièrement recouverte de feuilles d'or. Ou l'authentique Madonne que Léonard De Vinci a peint en 1478.

On court quasiment dans le Musée. On est à court d'yeux pour admirer toutes ces beautés.

Les fontaines des jardins du palais d'été de Peter, à Peterhof
Palais de Peter

La cerise sur le sundae. Le summum de la beauté orifère. On ne peut visiter Saint-Pétersbourg sans se rendre dans la ville de banlieue de Peterhof, pour visiter les jardins du Palais d'été de Peter. Des centaines de fontaines, certaines gigantesques, embellissent le paysage. Peter s'est inspiré des fontaines de Versailles afin de créer ses propres fontaines, de loin beaucoup plus grandioses qu'à Versailles.
Certaines de ces fontaines dénotent l'humour de Peter : elles ne fonctionnent que lorsqu'on s'y en approche. Les jardins de fleurs sont aussi magnifiques. L'endroit préféré où Peter aimait bien se détendre : le palais Monplaisir, dont la vue donne sur la baie de Finlande.

Deux jours à Saint-Pétersbourg, c'est trop peu. Avant d'arriver, je pensais voir une ville grise, comme dans les films. J'y ai vu une ville aux millions de fleurs, des voitures sentant l'opulence (y'a pas juste des Lada en Russie!), des immeubles bien entretenus, des parcs gazonnés, des routes sans nids de poule (eh oui, ça existe!), des bons restaurants, des canaux à la Venise... et des monuments à vous couper le souffle. Vraiment, Saint-Pétersbourg, ça vaut le détour!

Lettre à mon ami

Mon cher Peter,

J'ai bien aimé ma visite chez vous. Vous avez laissé un bel héritage à votre famille. Toute cette richesse, tous ces trésors... Il y a quelque chose qui cloche pourtant. Je ne saurais dire quoi. Est-ce le nom "Peter", qui se retrouve sur toutes les lèvres? Cette omniprésence du mot, ce "trop plein" de narcissisme? Cette petite chose qui me fait réaliser qu'on est bien, chez nous, au Québec. Je l'ai vu dans les yeux et le langage de Margarhita.

Nous n'avons peut-être pas un système de santé comme le vôtre, mon ami, où il suffit d'appeler le médecin pour qu'il se pointe chez vous gratuitement, mais les gens sourient et sont heureux. Ne peut-on appeler cette petite chose... la liberté?

mardi 26 juin 2012

Sauvez la princesse, moi je mange une bonne soupe au sanglier

Tallin, capitale de l'Estonie, est notre premier port d'escale de notre croisière sur l'Eurodam d'Holland America. J'avance l'heure d'une heure par rapport à Paris.  En tant que canadienne, je n'ai pas besoin de visa pour entrer au pays.

Tallin est située en Europe du Nord, dans la partie nord-est de la mer baltique. On y parle l'estonien. Plusieurs habitants se débrouillent aussi en anglais. La ville a acquis son indépendance de la Russie en 1918. Dépaysement garanti!

La ville est jeune, les habitants sont grands, pour la plupart. Très gentils aussi. Ils aiment les touristes, ça se voit... et les chiens aussi! À notre arrivée vers 11 h, il fait assez beau mais peu à peu les nuages couvrent le ciel. On décide quand même de visiter en autobus Hop on Hop off. Écouteurs aux oreilles, on synthonise le poste français et on peut ainsi suivre le tour de ville. Voir les monuments, statues, maisons anciennes. On descend à une station pour y découvrir une ville médiévale et ses forteresses.

Pendant que BOBBY et SAROU montent sauver la princesse au haut de la tour pour 2 euros, moi, tout en bas, je sape de la soupe au sanglier, une spécialité à seulement 1 euro. Si je décide de leur chanter une chanson, alors ils nous donnent une cueillère pour manger - ou boire! - la potion. J'ai décidé de me taire. BON BERGER aussi.

Excellent, par ailleurs, ce bouillon un peu bizarre. Première fois que je goûte à du sanglier. Je me voyais à l'époque des chevaliers, qui se réunissaient autour d'une bonne soupe chaude pour oublier la grisaille du temps qu'il fait. Ils te la servent dans un bol creux qui semble avoir été taillé au couteau à même l'écorce d'un arbre. Les grosses marmites dans lequel ce liquide ambré bout ressemble à la marmite du druide dans laquelle Obélix est tombé quand il était petit.

Tiens, il pleut à gros bouillons, maintenant. Vite, chevaliers, courons nous mettre à l'abri! Quelques minutes passent. Les travailleurs de la restauration à Tallin ne sont pas nerveux. Le toit de toile est en train de nous tomber dessus, tellement l'eau s'y accumule. Pas grave! On s'étire le bras et on fait tomber l'eau à côté. Voilà! Toutes les tables sont trempées, et les attablés aussi. Les gens rient, c'est ça les vacances. On a froid, mais c'est pas grave, on est en vacances!

 J'oubliais de vous dire. En 1997, Tallin a été inscrite sur la liste du Patrimoine Mondial de l'Unesco. Ça en fait un des 911 sites au monde reconnus pour leur valeur universelle exceptionnelle. La relation entre culture et nature y est respectée, pour le bien des générations futures. Pas mal, non?

Je visite aussi la cathédrale Alexander Nevski qui lui a été dédiée en 1242. Cette cathédrale est la plus grande et plus riche église orthodoxe de l'empire russe en Estonie. Elle est située au sommet de la colline de Toompea, devant le château. La pratique religieuse en Estonie n'est pas très élevée : seulement 20 % de la population. De ce nombre, 30 % sont luthériens, 28 % orthodoxes et seulement 3 % catholiques.
Mais cette ville n'est pas seulement le Moyen Âge et ses vieilles rues de galet en haute ville. La grande et basse ville est aussi très moderne, avec ses immeubles très hauts. Site intéressant sur Tallin (tout y est en français) : Tourisme à Tallin.

Bon, je retourne au bateau. Voilà que j'ai faim et qu'on a perdu l'arrêt d'autobus! Cette soupe au sanglier est loin derrière... Tant pis, ça se fait à pied. On se retrouve facilement, on n'a qu'à suivre l'air marin. En chemin, on croise des maisons délabrées entre des grands magasins, des petites rues pas très rassurantes et des boulevards.

Le soir venu, le soleil ne finit plus d'ensoleiller. Il est plus de minuit. Ah, c'est ça qu'on appelle les nuits blanches? Pourtant, vu de mon balcon, le ciel est rouge. La potion du druide m'aurait-elle rendue daltonienne?